Une des principales nouveautés avec l’adoption de la Loi modernisant le régime de la santé et sécurité au travail (LMRSST) est l’ajout d’une obligation en matière de violence, incluant spécifiquement la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel. Tous les employeurs ont dorénavant l’obligation d’instaurer des mécanismes de prévention à cet égard et les travailleurs devront participer à l’identification de cet enjeu.

Il est important de comprendre que ce n’est pas une problématique qui relève uniquement de la vie personnelle de la victime. Il peut y avoir une incidence considérable dans le milieu de travail, ce qui met à risque les victimes et leurs collègues. La violence conjugale entraîne des pertes sur le plan de la productivité, des coûts plus élevés en matière de santé, un absentéisme et un présentéisme accrus et une hausse du taux de roulement du personnel. Elle peut se manifester par des agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles, mais également des actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extraconjugale ou amoureuse et à tous les âges de la vie.

Plus concrètement, dans le contexte du travail, cette violence pourra s’observer par du harcèlement; des appels téléphoniques à répétition, courriels ou messages textes, par du harcèlement à proximité du lieu de travail; par l’intrusion de la personne violente sur les lieux de travail ou par des communications de la personne violente avec des collègues et/ou l’employeur de la victime.

Certaines victimes auront des signes physiques (ecchymoses ou autres), d’autres auront un changement significatif dans leur comportement (nervosité, fatigue, etc.) ou dans leur rendement (à la baisse) et certaines vont se réfugier dans leur travail en effectuant fréquemment des heures supplémentaires. Peu importe, les employeurs ont un rôle crucial à jouer dans la mise en place de stratégies pour contrer la violence. ​ Notamment, ils doivent informer et sensibiliser le personnel sur le sujet, prendre les mesures nécessaires pour protéger la victime lorsqu’il sait ou devrait raisonnablement savoir que cette personne est exposée sur les lieux de travail à la violence et aussi, repérer les ressources compétentes de sa région pour y référer la victime. En aucun cas, l’employeur ne devra se substituer à une ressource professionnelle en cette matière.

Le rôle des collègues est celui de soutien à la victime, sans jugement, sans faire les choses à sa place. Une oreille attentive, diriger la victime vers une ressource ou un organisme spécialisé et si désiré, l’encourager à en parler avec l’employeur pour obtenir l’aide nécessaire. Une personne témoin de violence conjugale ne doit jamais rester sans action. Son rôle n’est pas de sauver la victime, mais de l’orienter vers une personne-ressource.

Une trousse d’outils destinée aux employeurs pour les aider à mieux comprendre les enjeux associés à la violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel et à effectuer un travail d’information et d’éducation est disponible sur le site de la CNESST.

Si tous les milieux de travail se mobilisent pour contribuer activement à mettre en place des moyens afin d’augmenter les probabilités que ces personnes soient identifiées, soutenues et orientées vers les ressources appropriées, et que nous arrêtons de croire que la violence conjugale tient seulement de la vie privée, cela fera certainement la différence pour bâtir une société plus sécuritaire.

Marilyne Gilbert, conseillère en SST| mgilbert@asstsas.qc.ca| 514-253-6871 poste 237 ou 1-800-361-4528

 

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