La médication joue un rôle primordial dans la santé des aînés et des personnes vulnérables vivant en ressources intermédiaires. Nombreuses d’entre elles vivent avec des maladies évolutives qui ont un impact sur leur qualité de vie au quotidien. Il est donc essentiel de respecter les traitements prescrits.   

L’administration de la médication est avant tout un acte réservé au personnel infirmier. La délégation de cette activité de soins doit être encadrée de manière formelle. En ressource intermédiaire, un aide-soignant* peut pratiquer cet acte s’il a reçu au préalable la formation adéquate. Il incombe au personnel infirmier de l’établissement public de dispenser cet enseignement, puis d’évaluer et d’encadrer les activités liées à la médication conformément aux normes établies dans la Règle de soins nationale (RSN) 

Néanmoins, la conformité aux règles administratives ne garantit pas la lecture et l’application des directives par les aides-soignants. 

Comment s’assurer d’un encadrement sécuritaire et constant pour les aides-soignants? 

Une administration adéquate de la médication réside dans l’intégration des directives personnalisées, issues de l’évaluation des soins infirmiers. Ces directives peuvent être reliées à la condition du résident, à une médication particulière, ou encore spécifiques à la voie d’administration du médicament. En suivant et respectant ces directives personnalisées, l’aide-soignant s’assure de dispenser la médication de manière sécuritaire, encadrée et appropriée à chaque situation de soins. Ces directives se veulent l’ange gardien des bonnes pratiques et viennent s’ajouter aux « 5-7 bons » que l’aide-soignant doit réaliser avant l’administration.   

Prenons un exemple concret :

Certains antibiotiques ne peuvent être consommés en même temps que des produits laitiers. Ces aliments viennent interférer avec le médicament et l’effet s’en trouve considérablement diminué. En ayant accès facilement à la directive des soins infirmiers en temps réel (ne pas consommer de produit laitier au moment de la prise de l’antibiotique), le traitement sera efficace et la santé du résident s’améliorera. 

Si la directive n’est pas facilement accessible, par exemple dans un cartable, il y a un risque non négligeable que le traitement ne soit pas bien administré et que l’état général du résident ne s’améliore pas, ou se détériore sans comprendre pourquoi. Le risque d’erreurs augmente donc, compromettant la qualité des soins. 

Dans les RI utilisant le formulaire d’administration de la médication (FADM) papier, les directives des soins infirmiers se retrouvent dans des cartables. Ceux-ci contiennent de multiples informations dont les FADM et les directives des soins infirmiers. Les aides-soignants doivent chercher parmi plusieurs feuilles, pour chaque traitement, afin de trouver la directive et le FADM s’y rattachant. Pas simple, n’est-ce pas? Cette situation, combinée aux multiples responsabilités et sollicitations des aides-soignants (les appels de la clientèle et de l’externe, les soins à donner, les transferts à l’hôpital, les chutes, les familles qui posent des questions…), peut engendrer du stress et favoriser les erreurs. La recherche devient complexe au travers de leur quotidien.   

Comment s’assurer que les directives soient lues et suivies avec rigueur? 

Les responsables des soins ont la possibilité de se promener dans le milieu de vie et de valider que les aides-soignants consultent le cartable. Sinon, il est tentant de simplement supposer que la tâche a été accomplie… Cependant, l’expérience en milieu d’hébergement démontre que ce n’est pas toujours le cas. Heureusement, l’informatisation vient solutionner le problème d’accès aux directives personnalisées. 

Grâce à l’informatisation du circuit du médicament via une passerelle informatique connectée avec les pharmacies communautaires et les soins infirmiers, on retrouve l’information aisément. L’aide-soignant a accès à toutes les directives personnalisées en plus des informations du FADM électronique, sur un même affichage, à l’aide d’un système où chaque médicament est associé à un code-barres unique. 

Nul besoin d’effectuer une recherche, la directive à jour apparait chaque fois que le médicament est administré. Sur une même page, l’aide-soignant peut réaliser ses «5-7 bons », consulter les particularités du résident, lire les directives et voir les informations des médicaments. L’information étant accessible facilement et rapidement, l’aide-soignant vit moins de stress lors de l’exécution de ses tâches et les soins dispensés sont personnalisés et plus sécuritaires.   

Somme toute, la tâche demandée aux aides-soignants est complexe et lourde de conséquences en cas d’erreur. Pour assurer la santé des résidents en RI, il est crucial d’adhérer aux directives des soins infirmiers lors de l’administration des médicaments. Cette démarche nécessite un encadrement et un support adéquat des aides-soignants, des processus bien établis et des outils informatiques adaptés à leur quotidien, garantissant ainsi des soins personnalisés et sécuritaires pour les personnes hébergées. 

 

* « Aide-soignant » est employé comme terme générique pour désigner tout employé offrant des services de soutien et d’assistance en ressource intermédiaire. 

Priscilla Rhéaume, B. Sc. Infirmière

Gestionnaire des services professionnels et cliniques

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