Benoit est soucieux de réduire les risques dans sa ressource. Il tient à son personnel et souhaite qu’aucun d’entre eux ne se blesse dans le cadre du travail. Il revêt donc son habit de Sherlock Holmes, saisit son bloc-notes et se lance dans une chasse pour identifier tout ce qui pourrait générer un accident.
Bien vite, il repère des signes : un fil qui traverse une chambre, une marche instable, une tablette trop chargée. Mais rapidement, il arrive à une conclusion : les risques qu’il note dans son carnet sont tous bien évidents et faciles à régler. Pourtant, son intuition lui dit qu’il passe à côté d’une foule d’autres risques, ceux qui sont bien cachés et qui ne sautent pas aux yeux.
Un appel à l’ASSTSAS lui permet de découvrir l’outil dont il a besoin pour approfondir ses recherches sur les risques : le modèle de l’approche globale de la situation de travail, un outil qui permet de décomposer toute situation de travail en plusieurs éléments interreliés.
Lorsque tous les éléments d’une situation de travail sont cohérents entre eux, les risques d’accidents sont minimes. Mais si un ou plusieurs de ceux-ci ne sont pas cohérents avec les autres, des risques peuvent apparaitre.
Prenons un exemple : Josianne se prépare à changer la culotte de monsieur Tremblay, qu’elle connait bien. Elle s’assure à chaque fois que c’est le bon moment pour lui et qu’il n’a pas de douleurs avant de le tourner sur le côté. Elle monte le lit à une hauteur confortable, dégage l’espace de travail autour d’elle et procède tel que prévu. Dans ces circonstances, il est peu probable qu’un incident survienne et génère un accident.
Mais il suffit qu’un de ces éléments change, ne serait-ce qu’un peu, pour que la situation devienne problématique et se traduise par un risque accident. Par exemple, Josianne est pressée par le temps et ne s’assure pas que monsieur Tremblay est prêt à se tourner. Ou encore, la famille de monsieur Tremblay lui a offert un nouveau fauteuil qui encombre l’espace et limite les mouvements de Josianne.
Le modèle de l’approche globale de la situation de travail permet d’analyser de façon dynamique tous les éléments qui la constituent ainsi que leurs interrelations afin de mettre en évidence les incompatibilités. Par exemple : un nouvel équipement à la cuisine qui, une fois sur le comptoir, est trop haut pour pouvoir être utilisé de façon optimale. Ou encore un horaire pour les soins d’hygiène qui bouscule les usagers et génère des réactions indésirables. Harmoniser les éléments de la situation de travail pour obtenir une sécurité optimale constitue le but de la prévention en SST.
À moyen de l’approche globale de la situation de travail, Benoit est maintenant en mesure d’explorer ces liens, dans toute leur complexité et leur diversité et d’identifier des pistes à mettre en place pour assurer une prévention durable.
Pour analyser avec succès une situation de travail et obtenir des résultats concluants, il doit toutefois éviter les raccourcis et tenir compte de TOUS ses éléments. Puisqu’ils sont interreliés, la modification d’un élément, pris isolément sans tenir compte de l’ensemble de la situation de travail, pourrait occasionner plus d’effets négatifs que positifs.
Aussi, même si deux situations paraissent similaires, il faut analyser chacune d’entre elles. Des différences, même minimes, peuvent faire en sorte que la même solution ne donnera pas les mêmes résultats. Chaque situation de travail est unique ; il n’y a pas de solution universelle !
